Christian Papazoglakis s’affranchit du format franco-belge traditionnel, pour adapter l’œuvre Stealing Speed de Mat Oxley, dans un passionnant roman graphique baptisé Le Prix de la Vitesse. Sur fond de guerre froide, ce récit d’espionnage raconte à la fois l’avènement des constructeurs japonais sur la compétition internationale et l’une des histoires humaines les plus incroyables du sport mécanique.
Texte : Denver – Photos : Glénat BD
Sur fond de guerre froide, Le Prix de la Vitesse est un récit d’espionnage digne du Pont des espions version moto, sous forme de BD, signé Christian Papazoglakis. Ce roman graphique est adapté l’œuvre Stealing Speed de Mat Oxley. Le pitch en dit long… Au début des années 1960, en pleine guerre froide, les blocs de l’Est et de l’Ouest s’affrontent aussi lors des Grands Prix de moto en Europe. Utilisant la technologie des fameuses fusées V-1 des Nazis, l’usine est-allemande MZ construit les motos les plus puissantes. Alors qu’il s’apprête à devenir le prochain champion du monde, Ernst Degner, pilote vedette de MZ, décide de vendre le secret aux Japonais de Suzuki, récemment lancés dans la compétition.
Deal
En passant ce marché, Ernst Degner espère obtenir un sauf-conduit pour sa famille et les faire passer de l’autre côté du mur. Quitte à passer pour un traître aux yeux des communistes… Sur fond de guerre froide, ce récit d’espionnage raconte à la fois l’avènement des constructeurs japonais sur la compétition internationale et l’une des histoires humaines les plus incroyables du sport mécanique. Plus qu’une BD, Le Prix de la Vitesse est un véritable roman graphique qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. Avis aux amateurs de motos d’époque et de scénario à rebondissements multiples !
Le point de vue de l’auteur
Christian Papazoglakis est né à Bruxelles en 1969. Il travaille sur la série Michel Vaillant où fait la connaissance de Robert Paquet et Nedzad Kamenica avec lesquels il collabore ensuite pour la collection BD automobile « Plein Gaz » de Glenat : Chapman, Alpine, Ayrton Senna, Les 24 heures du Mans ou les frères Rodriguez. Il nous explique son point de vue.
Comment est venue l’idée ?
J’ai acheté le roman « Stealing speed » vendu à compte d’auteur par Mat Oxley après l’avoir vu sur internet. J’ai adoré le livre et j’y ai trouvé tous les éléments que j’avais envie de développer en BD : les personnages, les ambiances, le suspense, la course etc… J’étais entre deux albums et je cherchais un projet qui me permette de sortir du cadre des albums très classiques de la collection. J’ai fait quelques pages test que j’ai envoyées à Mat Oxley en le harcelant jusqu’à ce qu’il accepte. C’était à la base un projet libre lancé sans objectif de publication. Un exercice de style sur lequel je me suis avant tout amusé.
D’où provient l’inspiration pour l’histoire, les dessins ?
Mat Oxley a eu la gentillesse de me donner accès à ses milliers de photos d’époque. Malgré ça, je n’avais pas toute la documentation nécessaire pour faire des dessins hyper-précis mécaniquement de certaines motos qui ont couru 2 fois en Allemagne de l’Est en 1955… Cela m’a permis de travailler dans un style moins laborieux que le franco-belge classique en noyant les détails, et plus proche de mes références littéraires en tant que lecteur. Toute proportion gardée, Tardi, Pratt, Frederik Peeters ou les indépendants américains et le roman graphique en général sont mes sources d’inspiration. J’ai honteusement volé l’idée du dessin du bruit des deux-temps à Christophe Merlin dont j’aime beaucoup le travail.
Quel est ton lien à la moto ?
Je suis un « roule toujours », et ce depuis 25 ans : KZ550, Zephyr1100, ZRX1100, ZL900, Diversion600, CB-F1000, Tiger1050 et actuellement Explorer1200. Je suis plus sensible à l’esthétique des voitures de sport classiques mais mon mode de vie correspond mieux à la moto et à ce qu’elle offre en terme de sensations et de solutions pratiques. J’ai tendance à privilégier la fonction sur la forme, les motos moches mais efficaces, ce qui était aussi je pense la philosophie de Walter Kaaden aux débuts de DKW en compétition.
Y a-t-il d’autres projets dans ce sens ?
Mat Oxley sort ces jours-ci un nouveau livre que je n’ai pas encore lu. « Speed : the one genuinely modern pleasure ». Qui sait si…. ?! Je n’ai pas d’autres projets dans ce sens pour l’instant. C’est difficile à mettre en place car le souci du détail et la somme d’informations contenues dans le roman original (Stealing speed) dépasse de loin le travail d’un scénario de BD, c’est le résultat de plusieurs années de recherche et d’écriture. Mais je rêverais de pouvoir retravailler dans cette veine si j’en ai la possibilité… ça dépendra aussi de l’accueil du public !
Le Prix de la Vitesse
Collection Plein Gaz
192 pages – Format : 17,5 x 24,8 cm
Prix : 19 euros
Plus d’infos : Glénat BD sur www.glenatbd.com
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