Le préparateur italien Filippo Barbacane est le spécialiste incontournable de la préparation sur base de Moto Guzzi. Avec un style qui lui est propre, le créateur d’Officine Rossopuro arrive à offrir un look moderne à des modèles anciens, à l’image de cette 850 Le Mans III de 1980 transformée en racer.
Texte : Denver – Photos : Officine Rossopuro
Le propre d’un préparateur doué établi depuis quelques années, c’est de sans cesse se renouveler sans pour autant perdre sa patte. Ainsi d’un coup d’œil, on sait de quel atelier sort la machine, c’est notamment le cas de Filippo Barbacane, le boss d’Officine Rossopuro. La plupart des Guzzi passées entre ses mains ont toujours le même ADN sans jamais vraiment se ressembler, du grand art ! Il s’est essayé à toutes les tendances, voici l’une de ses dernières créations, le racer « Vitalis » sur base de 850 Le Mans III de 1980. Le terme « Vitalis » vient du latin nécessaire, essentiel, vital, en résumé ce dont on ne peut se passer. Filippo s’explique : « c’est exactement ce que représente la moto pour moi, quelque chose dont je ne saurais me passer. La moto est un objet capable de vous procurer des émotions, de la joie, mais aussi parfois de l’angoisse ou de la peur, comme un être humain le ferait. En un mot, elle est vitale ». Tout un concept résumé en une seule et même préparation. La Vitalis a été spécialement dessinée pour un client américain qui, fan du travail estampillé Rossopuro, a donné carte blanche à notre professionnel. Pour ce qui est de la base, notre Italien a opté pour une Moto Guzzi, sa marque fétiche, une Le Mans III pour être exact. Il a sélectionné ce modèle pour « son moteur puissant et son châssis exemplaire, réputé pour son efficacité » raconte-t-il.
Filippo connait les Guzzi sur le bout des doigts et il ait que dans le cadre d’une transformation des belles de Mandello del Lario, la perte de poids est essentielle. Exit tout élément superflu, cela va de soi, mais il ne s’est pas arrêté là. Il n’a pas hésité non plus à remplacer de nombreuses pièces fonctionnelles par d’autres plus légères. Par exemple, il a entièrement modifié le cadre Tonti d’origine, notamment dans sa partie inférieure en utilisant de l’aluminium. Un alliage que l’on trouve un peu partout, de la boucle arrière aux tés de fourche taillés masse, en passant par les supports du moteur, de l’étrier de frein arrière ou encore les commandes reculées et les garde-boue. Notons qu’en modifiant l’arrière, Filippo a pu intégrer une jante de 17 pouces à l’arrière, contre 18 d’origine. Cela lui a en outre permis de rehausser les supports d’amortisseur, des Öhlins à bombonne séparée pour le coup, pour accentuer l’aspect racer et optimiser l’assiette de la machine. Le bac à batterie a été supprimé, dorénavant une batterie Lithium est encastrée dans la boucle arrière. Simplifier et alléger, tels sont les préceptes que respecte la Vitalis. Ainsi, entre les demi-guidons adaptables fixés sur la fourche Païoli, on trouve un té supérieur en aluminium taillé masse pour un poids réduit. Devant, bien protégé par la petite bulle sur mesure fixées à une araignée maison, un petit compteur rond Acewell joue le rôle d’unique instrumentation. Rien de plus, rien de moins, à l’image des poignées Motogadget qui permettent d’intégrer les clignotants, Filippo ne s’embarrasse pas de superflu.
En comparaison avec le modèle d’origine de 1980, l’essentiel de la partie-cycle par exemple a été remplacé par des pièces beaucoup plus efficientes. Toutefois Filippo a réalisé de nombreux éléments lui-même, et à la main (et au marteau !). L’essentiel de l’habillage notamment, depuis la tête de fourche jusqu’à la coque arrière en passant par le réservoir, tout est home made ! Racer oblige, la selle est monoposto, et la coque qui termine la ligne en V inversé intègre un tout petit feu rond, on est bien dans le style du début des 70’s ! En puriste de Guzzi, notre préparateur n’a pas touché au moteur hormis une révision complète, la suppression de la boîte à air et l’adjonction d’un échappement Mass Moto adapté maison. Côté freinage, il n’a pas lésiné en adoptant un système complet Brembo. Un double disque de 320 mm à l’avant est pincé par des étriers à deux pistons, leur homologue arrière de 240 mm est quant à lui pincé par un étrier à simple piston, de quoi considérablement gagner en efficacité. L’efficacité c’est d’ailleurs le maître-mot de cette préparation signée Rossopuro, qui s’habille d’une robe vert bouteille rehaussée de quelques touches or comme les protections de carters ou le liseré qui parcourt l’habillage de la machine. Filippo nous livre ici un racer d’une grande qualité qui rend hommage comme il se doit aux fans de la firme de Mandello del Lario.
Check-list
Base Moto Guzzi 850 Le Mans III (1980) – estimation : 21 000 euros base incluse
Moteur stock remis à neuf
Boîte à air supprimée
Carburateurs Dell’Orto diam 40
Supports moteur en alu 7075
Echappement Mass Moto sur mesure
Cadre sur mesure
Tête de fourche en alu faite main
Support de tête de fourche sur mesure en alu
Instrumentation digitale Acewell
Réservoir en alu sur mesure
Coque AR en alu faite main
Commandes reculées en alu taillées masse
Tés de fourche en alu 7075 taillés masse
Fourche télescopique Païoli (diam. 45 mm)
Supports d’amortisseurs maison
Garde-boue AV/AR en alu maison
Amortisseurs Öhlins à bombonnes séparées réglables
Disques de frein AV Brembo (diam. 320 mm)
Etriers de frein AV 2 pistons Brembo
Supports d’étriers AR en alu taillés masse
Jantes à rayons AV/AR de 17 pouces
Pneus AV/AR Pirelli Phantom Sportscomp en 120/70 R 17 et 160/60 ZR17
Peinture Officine Rossopuro
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