Norton Commando Dominator SS – Ace Café Spirit

Certaines marques demeurent de véritables mythes, parmi elles Norton tient une place de choix. Lorsque la firme anglaise a annoncé son retour avec la Commando, plus d’un était impatient de chevaucher la bête. Inutile alors de préciser notre état d’excitation à l’arrivée de la Dominator, une machine de caractère pure et dure qu’on croirait tout droit sortie des 70’s.

Texte : Denver – Photos : Etienne Crébessègues

La Norton n’a rien de ce que l’on peut attendre d’une machine commune, c’est une pistarde des 70’s dans l’esprit, un véritable café racer de série. Si nous étions misogynes, nous parlerions de moto d’homme, non pas qu’elle soit difficile à prendre en main, mais elle est surtout éprouvante ! La selle est comparable à un banc d’école, les demi-guidons sont si bas que l’on s’appuie sur les poignets comme si on s’apprêtait à attaquer un 100 mètres, enfin les jambes sont très proches comme sur une bonne vieille patinette. Bref, lorsqu’on prend place sur la selle de la Dominator, on ne sait pas lequel des deux va craquer en premier, l’homme ou la machine ? Pourtant tout commençait bien, comment ne pas tomber amoureux de cette ligne de racer à l’ancienne, parfaitement dessinée, toute en rondeurs. Les matériaux nobles comme le carbone et l’aluminium se mêlent avec soin, tandis que le mythique bicylindre à la forme si particulière brille de mille feux. On tombe très vite sous le charme, et les passants autour sont du même avis ! On ne saurait même donner un âge à la belle tant l’aspect néo-rétro est conservé. On pourrait même croire à une moto sortie tout droit de l’atelier d’un préparateur ou bricolée par un « rocker » pour atteindre le « ton » dans les environs de l’Ace Café.

Comme on l’a vu, une fois posé sur la selle dure comme du bois, l’effet paillettes s’estompe ! Que l’on prenne place sur ce type de machine, habillé d’une combinaison, au départ des stands n’aurait rien de choquant. En revanche, habillé pour la balade, prêt à attaquer les pavés parisiens en guise d’apéritif déstabilise un peu… Soit, c’est une moto à l’ancienne, mais tout de même ! D’une pression sur le démarreur, levier d’embrayage en main, le bicylindre parallèle s’ébroue dans un déluge de vibrations et de sons mécaniques que l’on n’a pas vraiment l’habitude d’entendre. La belle Anglaise est vivante, et elle sait le faire comprendre. Le bloc est doté d’un système pas à pas, qui régule le ralenti en permanence. Du coup le moteur s’emballe tout seul puis cesse brusquement, effectue des va-et-vient dans les tours, bref, on est un peu perdu au départ ! Un rapide coup d’œil sur le double compteur à aiguilles d’un autre âge permet d’une part de voir que le moteur se cale de lui-même, et d’autre part de comprendre qu’il va être difficile de contrôler sa vitesse tant les km/h sont écrits en petit vis-à-vis de mph… ça promet ! Il est temps de se lancer dans l’inconnu, l’embrayage est souple, et l’accélération peu vigoureuse. Passés les premiers kilomètres sur les pavés que seul un maso apprécierait, on peut commencer à titiller la British, c’est là qu’elle montre tout son potentiel.

Lorsque le rythme s’accélère, on commence à réellement apprécier la Dominator. Elle se pilote à l’ancienne, assis un peu en arrière, penché très en avant comme si on allait avaler la route. Les accélérations sont ultra-linéaires jusqu’à 5 000 tr/min environ, puis on se plait à exploiter le moteur jusqu’à 7 000 tr/min. C’est cette plage qui lui convient le mieux. Malgré ses petits 80 chevaux, le bicylindre se montre volontaire une fois que l’on a compris son mode de fonctionnement. Les échappements courts distillent un son caractéristique qui pousse à s’exciter un peu sur la poignée droite. Les suspensions signées Öhlins à l’avant comme à l’arrière travaillent alors parfaitement même si ça reste très ferme. Si vous souffrez d’un lumbago, la Norton restera au garage, c’est garanti… Le comportement dynamique est des plus satisfaisants dans les successions de courbes, la machine réagit au quart de tour. Dommage qu’elle soit limitée par sa monte d’origine, un pneu peu adapté pour une moto aussi raide, qui transforme les accélérations et prises d’angle en jeu d’équilibre. Côté freinage, là encore la Norton ne fait rien comme les autres. Le mordant n’est pas vraiment présent, pourtant cela reste puissant. Le feeling est particulier, c’est progressif mais tout à fait gérable. Dans l’ensemble, la Dominator possède les attraits d’une machine d’époque, la facilité en plus, mais reste une moto passion. Inutile d’imaginer rouler tous les jours sur les pavés avec ce café racer de série, sous peine de perdre plombages, bijoux et prothèses ! En revanche, pour la balade sportive et le circuit, c’est un modèle unique. On comprendrait d’ailleurs qu’avec un tel look, certaines trouvent refuge dans le salon de riches collectionneurs, même si la place de la Norton demeure sur les petites routes viroleuses. Reste un prix de vente proche des 30 000 euros qui fait de la belle Anglaise une machine d’exception. D’ailleurs, elle est limitée à 200 exemplaires !

Prix : 26 990 euros

Denver

Animé par la passion du journalisme depuis une quinzaine d'années, Denver est rédacteur en chef d'un magazine sur la moto de caractère, journaliste-essayeur dans l'auto et fondateur du webzine Denver's Garage.

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