Le Sportster chez Harley-Davidson, c’est une véritable institution. 65 ans d’histoire que l’on pensait disparaître à jamais, et pourtant, voici un retour bien calculé du roadster sous l’appellation Nightster. S’il semble fidèle à la tradition, il n’en n’est pas moins radicalement plus moderne.
Texte : Denver – Photos : DR
La firme de Milwaukee a donné naissance à un phénomène il y a de cela 65 ans : le célèbre Sportster. Un modèle simple, bourré de caractère, dont la carrière fait partie des plus impressionnantes de l’histoire de la moto. Une épopée dont on a bien pensé qu’elle a l’allait s’arrêter après la fin de la commercialisation du modèle en 2020 sous nos latitudes, faute de répondre aux normes anti-pollution de plus en plus drastiques. Et pourtant, c’est avec joie que l’on a vu revenir le roadster-cruiser en version 1200 l’an dernier, sous une forme plutôt originale, mais aussi et surtout avec ce 975 que l’on a pu essayer en région parisienne. La ligne générale reprend les codes, depuis la longue fourche avec roue de 19 pouces, surplombée d’une petite tête de fourche, au réservoir en forme de cacahuète coiffant le V-Twin, en passant par la selle basse et le garde-boue arrière tronqué. Simple, pur, efficace, le Sportster n’a jamais fait dans la finesse, et c’est ce qui plaît. La silhouette de ce Nightster nous ramène à cette longue lignée de petits cruisers, néanmoins dans le détail, on est loin des origines.
Au fil des années, le Sportster a su faire de ses points faibles de véritables arguments, à l’image de sa simplicité de conception, de sa mécanique caractérielle et vibrante malgré une puissance contenue, ou encore de sa partie-cycle désuète qui en faisait une machine vivante. Avec ce Nightster, Harley-Davidson a gommé ce que l’on pouvait considérer comme des défauts, mais a en conséquence aseptisé sa machine. Exit le cadre berceau classique, dorénavant, Harley-Davidson passe dans l’ère moderne avec un treillis tubulaire et un moteur autoporté. Un bloc Revolution Max 975T qui au passage accueille un refroidissement liquide et sa petite dose d’électronique là où on trouvait auparavant un rustique V-Twin à refroidissement par air chromé à souhait. Ce dernier était en général surmonté d’un petit réservoir en métal à la forme caractéristique. Un look qu’a conservé le constructeur même si cet élément ne renferme dorénavant que du vent, ou presque ! En effet, en modifiant la configuration de la mécanique, il a été possible d’intégrer le réservoir directement sous la selle. De fait, le faux contenant cache la boîte à air, mais l’illusion à quasi-parfaite. Le remplissage s’effectue maintenant avec la moto sur la béquille, la selle relevée, à l’instar de ce que l’on connaissait sur le V-Rod. Les designers ont donc réussi un beau pari, faire croire à l’esprit du Sportster par l’adoption d’un look proche des modèles précédents. C’est en prenant les commandes du Nightster que l’on constate qu’aller de l’avant sans perdre de ce Sportster n’est pas chose aisée.
Transpondeur en poche, bien assis sur la selle assez basse, on met en route la mécanique avec une grande facilité via les nouveaux commodos, en grande partie communs à la Panamerica. Exit les commandes de clignotants de part et d’autre, on fait ici dans la simplicité avec un simple bouton. Un exemple parmi tant d’autres qui montre que le Sportster s’européanise. Le Revolution Max s’ébroue en douceur, et les premiers coups de gaz attestent d’une absence de vibrations. La sonorité est quant à elle un peu étouffée. Le Nightster n’est décidément pas la machine rustique qu’était le modèle précédent. Et les premiers tours de roue le confirment puisque la prise en main est un jeu d’enfant. En modifiant la répartition des masses, les ingénieurs ont rendu le Sportster maniable, facile, avec un avant précis et vif. Les manoeuvres à basse vitesse se font sans forcer, et le rayon de braquage est bien adapté à la ville. Notre trip nocturne dans Paris permet de mettre en avant ces qualités. Cela permet en outre d’entrevoir que la moto chauffe rapidement malgré les 10 degrés dans l’air, et que la suspension arrière est très ferme sur revêtement dégradé comme les pavés. Ceci étant, on a la sensation étrange d’avoir un réservoir vide et un avant léger. On prend vite ses marques et les premières accélérations sans ménagement ne tardent pas. Et là, la surprise est de taille ! Le Nightster décolle dès 2 500 tr/min pour ne s’essouffler que très haut dans les tours. Le bloc de 975 cm3 est nerveux et très plein, on est bien loin du moteur précédent. En complément on peut opter sur trois modes de pilotage en fonction des conditions de roulage, ce que l’on va rapidement tester une fois quittée la ville.
Simple d’utilisation, le système de modes peut se gérer via un commodo en roulant. Le compteur, très lisible et complet, informe si l’on est en mode Rain, Road ou Sport. A l’attaque des petites routes, le nouveau Sportster dévoile tout son potentiel. La mécanique est volontaire et ce qui plaît c’est le progrès réalisé sur la partie-cycle. La suspension réagit parfaitement, même si l’arrière demeure trop ferme sur revêtement dégradé, quant au freinage, il est puissant et progressif avec un ABS très peu intrusif. Basculer le Sportster d’un angle à l’autre est un jeu d’enfant et rapidement les repose-pieds embrassent le bitume. La position du pilote est parfaite quel que soit le gabarit, avec un guidon qui tombe bien sous la main, des repose-pieds en position centrale et une selle bien basse. Difficile de trouver de véritable défaut à ce Nightster tant le comportement dynamique est aux antipodes des modèles précédents. Aurait-il perdu en caractère au passage ? En effet, l’absence de vibrations, l’aspect brut de décoffrage et la présence d’éléments plastiques contraste un peu avec ce que l’on aimait sur le Sportster. La finition, avec des câbles et éléments électriques disgracieux, notamment au niveau du radiateur, viennent ternir un peu le tableau. Dommage car le look de cruiser est bien là. En complément, Harley-Davidson a développé toute une gamme d’accessoires, esthétiques et mécaniques, afin de personnaliser son modèle mais aussi de le transformer en biplace. Le Sportster sera aussi proposé en version A2. L’idéal pour qui veut une belle machine pour débuter, qu’il pourra ensuite débrider pour jouir du caractère joueur de ce moteur. La firme de Milwaukee a donc presque réussi à faire perdurer l’esprit du Sporster, avec un Nightster résolument moderne mais plus aseptisé que les modèles précédents.
Harley-Davidson Sportster Nightster (Vivid Black) : 15 190 euros
Harley-Davidson Sportster Nightster (Gunship Grey, Redline Red) : 15 470 euros
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