Ducati propose dorénavant dans sa gamme Scrambler le Café Racer. Oxymore me direz-nous ? Pas faux ! Charmeur au possible, le petit racer nous avait bien tapés dans l’œil lors de sa présentation à l’Eicma. A l’essai, il se montre beaucoup plus docile que ce à quoi on s’attendait, comme si on avait commandé un expresso et que l’on nous servait un américain !
Texte : Denver – Photos : Ducati
Dans la famille Ducati, le segment Scrambler est plutôt à part. L’idée est d’offrir à tous un accès aux joies que procure de la moto, du débutant au pilote aguerri, et d’ouvrir les portes de tout un univers concentré sur les plaisirs simples. Devenu un objet de mode, fort symbole d’appartenance à une tribu, le Scrambler tire son épingle du jeu par une grande facilité d’approche, dans tous les sens du terme, et le Café Racer n’échappe pas à la règle. Dans un premier lieu, on tombe sous le charme des divers éléments esthétiques qu’il arbore : feu à capotage enveloppant le simple compteur excentré, demi-guidons, commande reculées, selle spécifique avec capot, plaques latérales, panneaux latéraux de réservoir interchangeables… Tout y est pour un look de racer travaillé, même les teintes que sont le noir et le gris pour l’habillage ou le doré pour les jantes à bâtons, exprime l’esprit café.
Ce qui fait le charme de ce scrambler, c’est son style racing et la position du pilote sur l’avant qui suggèrent que l’on va prendre son pied sur les petites routes comme entre deux feux. C’est toutefois plus suggéré qu’autre chose, et on le comprend rapidement une fois au guidon. Fans des accélérations à n’en plus finir et de la pose du genou dans chaque virage passez votre chemin, le Scrambler Café Racer est une machine à prendre dans un esprit de balade. Le look de racer, oui, l’attitude, un peu moins ! D’une part, en passant à L’Euro4, le bicylindre de 803 cm3 s’est particulièrement assagi et la réponse à la poignée le confirme. Inutile de s’exciter, d’autant que la sonorité émanant du bel échappement Termignoni n’est pas hyper-flatteuse. On peut toutefois se consoler sur le fait que le bloc demeure ultra-coupleux, et reprend sans cogner ni ratatouiller dès 2 000 tr/min en sixième. La position du pilote, plutôt confort puisque les demi-guidons sont fixés au dessus du té supérieur, donne rapidement envie d’attaquer et de prendre de l’angle. Sur ce point aussi, il faudra être conciliant. La suspension proposée n’est pas la plus efficace qui soit, surtout lorsque le revêtement est dégradé, dommage dans la mesure où on ne peut pas la régler, sauf en précharge, ce qui n’agit malheureusement pas sur le comportement. On cherche sans cesse à inscrire la belle sur sa trajectoire, dommage car niveau pneumatiques c’est haut de gamme ! Le Scrambler est ici chaussé en Pirelli Diablo Rosso II, l’idéal pour ce type de configuration.
A la souplesse de la suspension s’ajoute celle du freinage. Sur le papier, rien à dire, l’ensemble signé Brembo a toujours fait ses preuves, sur le Café Racer, c’est moins convainquant. Le freinage est plus progressif, moins mordant, il est à l’image de la moto, cohérente finalement dans son ensemble. Très facile à prendre en main, le Café Racer est souple (sans pour autant être confortable) et peu exigeant, l’usure des repose-pieds voire de la ligne d’échappement après nos enchaînements de virages en atteste ! Il offre pour avantage de s’adresser à une clientèle débutante ou moins regardante du point de vue des performances dynamiques. Proposé à plus de 11 000 euros, le Café Racer fait payer cher son style, et c’est dommage ! Il offre toutefois la possibilité de se démarquer de la plupart des motos du marché sans passer par la case préparation, un plus non négligeable. Cela reste-t-il pour autant suffisant pour tirer son épingle du jeu ? Rien n’est moins sûr.
Prix : 11 290 euros.
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